Vendredi 16 août

Nous nous levons à 6h00, accompagnés par le chant des oiseaux, que Jean-Philippe photographie sans relâche. Démontage des tentes, rapide et efficace. Un dernier regard sur les eaux bouillonnantes, noyées dans un voile de brume, et à 7h nous partons pour Santiago de Chiquitos, où nous avons rendez-vous avec Omar, apiculteur d’Adapicruz. Sur la place du village, nous voyons les enfants qui se rendent à l’école ; un peu partout, chevaux, chiens et autres animaux errent en liberté.

Le village est réputé pour sa musique baroque, héritée de l’époque des missions jésuites du 18e siècle et inscrite au patrimoine culturel de l’Unesco. On y fabrique des violons. Toute la semaine prochaine aura lieu, à San José de Chiquitos, un festival international de musique baroque. Nous déjeunons chez un couple d’Américains installés de longue date en Bolivie, Milton et Katreen. Parmi ses multiples activités, Katreen dirige une école de musique. Nous rencontrons une volontaire d’origine espagnole, venue l’aider pendant un mois. Nous apprenons avec surprise qu’elle habite en Belgique, à Liège ! Le monde est un village…

Nous prenons à présent la route vers la réserve de Tucabaca et vers les ruches d’Omar, qui réalise ici un premier essai de transhumance. Vu la grande distance depuis Santa-Cruz, Omar vient ici une fois toutes les 4 à 6 semaines. Aucune erreur n’est permise, une bonne connaissance du calendrier floral de l’endroit est indispensable. Mais le potentiel mellifère de l’endroit est fabuleux, cela en vaut vraiment la peine.

Milton nous accompagne et nous fait un petit topo sur les événements liés à l’évangélisation de la population locale, dont le dernier acte de résistance remonte aux années 50’, marqué par le massacre de 5 missionnaires nord-américains. Nous nous arrêtons dans un lieu magique, au bord du rio de Tucabaca, où des chevaux sauvages viennent s’abreuver. Anne-Marie qui, trop fatiguée hier soir, n’avait pas profité des eaux thermales, n’y résiste pas et, sans hésiter, plonge dans l’eau : quel bonheur !

Arrivés au rucher, nous révisons plusieurs ruches mais, avec les combinaisons, il fait vraiment très chaud ! Omar essaie les gants de Benoît et ce colosse trouve enfin des gants à sa taille : son regard en dit long sur son souhait de les garder ! Chose promise, chose due, les gants resteront en Bolivie, mais à la fin du voyage seulement, car Benoît est allergique et ces gants épais sont une excellente protection contre les abeilles africanisées.

Et nous revoici déjà sur la route du retour. Petite halte au restaurant El Molino, où nous nous étions arrêtés hier soir. Jean-Philippe peut photographier tout à son aise un magnifique toucan qui nous observe. Au loin, un voile de fumée obscurcit le ciel. Le soleil, pourtant encore haut à 4 hres de l’après-midi, est rouge, comme s’il se couchait… Un hélicoptère transporte une nacelle chargée d’eau… : dérisoire tentative de stopper l’incendie qui fait rage, mais nous ne rendons pas encore compte de la gravité de la situation.

Nous voulons faire le plein à la station d’essence, mais celle-ci est paralysée par une panne d’électricité générale qui frappe la région, une des conséquences de l’incendie aperçu hier et qui redouble de vigueur. Des poteaux électriques ont apparemment été brûlés… Nous attendons que le courant se rétablisse, mais l’attente se prolonge. Nous prenons la chose avec philosophie, Jean-Philippe et Christiane en profitent pour récupérer leur retard dans l’écriture des textes destinés au blog.

Par le plus grand des hasards, Osvaldo rencontre un copain à lui, de passage, qui lui refile l’adresse d’un petit revendeur d’essence au village de Chochis, tout près. Après le transvasement de deux bidons, nous pouvons reprendre la route vers Santa-Cruz. Ironie du sort, c’est à ce moment-là que le courant est rétabli ! Tout le long de la route, nous prenons la mesure de l’incendie qui se propage sans répit. Il est 23 hres lorsque nous arrivons à la maison d’Osvaldo. Un grand merci à lui et à Nilo pour toutes ces heures de conduite. Et à Norma qui a entretenu la conversation avec Nilo pour l’empêcher de s’endormir !

Partagez